Gérard JULLIEN

Peindre …

 

Peindre, c’est un peu comme saisir au vol une idée, un rêve, une sensation ou, mieux encore, l’intuition subtile d’une couleur, le vague sentiment d’une teinte.

 

Tu peux aussi avec un peu plus d’imagination prendre la caisse à outils du bricoleur génial, un rouleau de fil de fer, un clou ou bien la planche à graver du vent.

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Tu peux aussi tracer dans le ciel de tes nuits une étoile puis deux puis dix mille enfin, tu les places, les disposes en formes géométriques simples, en figures et volumes parfaits. Tu peux te saisir d’un signe ou deux, les lancer dans la piste juste au milieu de nous, tu les laisses danser, se contorsionner, changer de couleur, de forme, devenant fleur, œuf, femme aimée, puis tu y ajoutes ton sourire énigmatique.

Tout autour de nous il se fait jour, nous devenons lumineux ; des grandes prairies jusqu’à cet infini du bord de la toile où dansent les chevaux, les arbres, les êtres jettent des regards transparents ; tout semble n’être plus qu’un léger sourire, un dernier regard et voilà le premier geste du signe vers la forme d’un œil, d’une bouche attirante.

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La couleur s’imprègne de lumière jusqu’au point de recouvrir complètement l’univers de tes yeux clos.

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Oui, tu viens de rêver en dessinant un visage, un bouquet, ou un paysage, de faire briller une parcelle d’étincelle de cette flamme qui est la passion des gens heureux.

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Les effets se mêlent aux causes, le rêve devenu réalité s’incarne dans la lumière, tout s’enivre de beauté ; le bleu le plus profond se confond avec l’ocre le plus chaud, le rouge sombre et solide dans le vert s’enflamme et le jaune dans le feu de la couleur blanche s’évanouit.

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Nos nuits sont devenues images

Les mots se fondent dans le trait

Tout s’élève silencieusement …

 

Gérard JULLIEN

Angoulême, le 17 décembre 1991